mercredi 6 avril 2011

Vottem, camp de la honte : 12 ans déjà !

Par Denis Horman

Nous ne l’acceptons toujours pas !

12 ans déjà que le centre fermé pour étrangers de Vottem (Liège) enferme des Sans Papiers, avant de les expulser et les renvoyer vers les dictatures, les guerres, la misère qu’ils avaient fuies.
« 12 ans de déni des droits de l’Homme », allait souligner d’emblée France Arets, porte-parole du CRACPE (Collectif de résistance aux centres pour étrangers), animatrice du comité de soutien aux sans-papiers et militante de la LCR, prenant la parole, avant la marche vers le centre fermé de Vottem. Dimanche dernier, 3 avril, ce sont plusieurs centaines de manifestant(e)s qui ont marché vers ce camp de la honte, qui emprisonne actuellement quelque 130 personnes qui n’ont commis aucun délit.
Depuis l’installation, en 1999, de ce centre fermé, 13000 sans papiers y ont subi l’enfermement, avant l’expulsion violente pour la moitié d’entre eux. Et, chaque année, le CRACPE appelle à manifester contre ce camp de la honte.
Cette année, comme devait le souligner également France Arets, la manifestation allait se situer dans un contexte particulier. « L’accord gouvernemental, mis en œuvre en juillet 2009, s’il a organisé une régularisation partielle, prévoyait également l’expulsion de ceux et celles qui ne seraient pas régularisé(e)s. Aujourd’hui, le secrétaire d’Etat à la politique d’asile et d’immigration et le gouvernement en affaires courantes mettent en œuvre cette politique par une augmentation des arrestations et des expulsions ».
Cette politique restrictive entraîne la clandestinité, avec une main d’œuvre surexploitée dont profitent des secteurs importants de notre économie, dans l’agriculture, la construction, l’Horeca, le nettoyage… « C’est pourquoi, signale encore France Arets, nous continuons à revendiquer et exiger la mise en place d’une commission de régularisation des sans-papiers, indépendante et permanente ».
A l’assaut des portes grillagées de la sinistre prison !
Derrière la banderole du CRACPE, beaucoup de jeunes, des membres du comité de soutien aux sans-papiers, des groupes et militant(e)s de la gauche radicale, dont la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire) et les JAC (Jeunes anticapitalistes), des Ecolo, des syndicalistes, des citoyens…, reprenant, en slogans imagés et variés, les mots d’ordre de la manifestation : solidarité avec les sans papiers ; non aux expulsions ; des papiers pour tous ; 12 déjà, je ne l’accepte toujours pas…Et votre prison, on la détruira ; les salarié-e-s viré-e-s- les immigré-e-s traqué-e-s- ca ne peut plus durer, ça va péter !
Devant les murs et les grillages du centre fermé, l’ambiance est montée de plusieurs crans, la colère également devant l’enfermement de personnes qui ne demandent qu’une chose : vivre dignement.
Une cinquantaine de jeunes allaient escalader le mur d’enceinte, forcer et faire céder deux portes grillagées de 5 mètres de haut et exprimer leur solidarité avec les détenus.
Une solidarité interrompue brutalement par un groupe de policiers dépêchés sur les lieux, embarquant sans ménagement ces manifestant(e)s, dans le bruit assourdissant d’un hélicoptère tournoyant au-dessus de ce sinistre camp.

lundi 4 avril 2011

Tchernobyl, Fukushima, plus jamais ça !

Une sortie rapide du nucléaire : plus que jamais nécessaire et possible !
 
 
Le mardi 29 mars 2011, la section liégeoise de la LCR et les JAC (jeunes anticapitalistes), en collaboration avec la Formation Léon Lesoil, organisait une conférence-débat avec Daniel Tanuro, militant de la LCR, animateur de la coalition Climat et Justice sociale et auteur du livre « L’impossible capitalisme vert ».
Devant une trentaine de participant(e)s, Daniel Tanuro a souligné la gravité de la situation sur le site de la centrale nucléaire de Fukushima : « Le pire est en marche, plus grave probablement qu’à Tchernobyl. La société exploitante du site, qui est loin d’avoir fait preuve de transparence, a quand même reconnu avoir détecté des traces de plutonium en cinq points différents dans le sous-sol de la centrale. Le pire serait la fusion du cœur du réacteur n°3. Le combustible qui y est utilisé est le MOX, un mélange d’oxydes d’uranium appauvri et de plutonium 239. Ce dernier est extrêmement mortel et il faut 24 000 ans pour qu’il perde 50% de sa radioactivité. Alors, en cas de très forte explosion, les particules radioactives pourraient être propulsées au niveau des jet-steams, ces vents violents qui règnent à haute altitude. Si ça devait se produire, ce serait une terrible catastrophe, pas seulement pour les habitants du Japon, mais pour la planète entière ».
Le public, surtout des jeunes, est convaincu : il faut sortir du nucléaire, cette technologie d’apprentis sorciers, cette industrie de mort, où le risque zéro n’existe pas. Mais est-ce réaliste à court terme et y a-t-il des alternatives énergétiques crédibles pour répondre aux besoins des populations ?
« Il faut sortir du nucléaire totalement et au plus vite. C’est parfaitement possible techniquement », précise l’orateur. « C’est une question politique, de volonté politique, de choix de société, de perspective de société qui ne produit plus pour l’accumulation de marchandises et le profit pour une poignée de groupes industriels et financiers, mais pour la satisfaction des besoins humains réels. Il nous faut débattre et imposer un plan précis pour une transition énergétique juste, rationnelle et rapide vers les énergies renouvelables ».

 
 Daniel Tanuro devait préciser qu’une des conditions essentielles pour cela, c’est d’enlever, des mains du privé - et ses impératifs productivistes et de profit-, le secteur de l’énergie, qui est en fait un bien commun de l’humanité, pour en faire un véritable service public. Daniel Tanuro allait terminer la conférence-débat sur une tonalité mobilisatrice : « Ayons un grand coup de colère collectif, descendons dans la rue, occupons de lieux symboliques, signons des pétitions, manifestions notre refus catégorique du nucléaire par tous les moyens possibles, individuellement et collectivement. Créons une vague d’indignation et d’horreur telle que les pouvoirs en place seront obligés de suivre notre volonté. Il en va de notre vie, de la vie après nous, de la vie tout court ».

D. Horman